Interview de la Happy Family en tour d'Amérique en temps de coronavirus
Dans cet article de blog, la Happy Family nous raconte leur voyage sur le continent américain en famille ! Avec leur 2 jeunes enfants, la famille a décidé de tout quitter pour explorer le continent Américain, du Sud au Nord, avec un camper… et beaucoup de surprises !
Mathieu et Sandy nous racontent aujourd’hui leurs aventures au Chili et en Amérique du Sud lors de ce voyage hors normes et en toute liberté. Découvrez dans cette article comment ils ont préparé leur tour du continent, quels sont les points forts de leur voyage et comment la pandémie du coronavirus a impacté leur voyage !
Pour s’évader un instant, rêver à de prochaines aventures familiales et prendre notes de leur précieux retour d’expérience, on prend la route avec la Happy Family pour cet interview on the road !
Préparer son tour de monde en famille
- Pour commencer, pourriez-vous nous en dire plus sur votre famille ?
Bonjour à tous. Nous sommes la Happy Family : Mathieu et Sandy 32 ans, Emilio 5 ans et Camila 2 ans. Nous voyageons avec Oscar, notre camping-car Ford de 2002, membre à part entière de la famille !
- Où êtes vous en ce moment même ?
Nous sommes en ce moment à San Pedro de Atacama dans le nord du Chili.
- Pourriez-vous nous expliquer comment vous est venu l’idée de ce voyage?
Passionnés de voyage, nous avons toujours rêvé de réaliser un tour du monde. Mais on rêvait aussi d’avoir des enfants assez jeunes, on a donc commencé par fonder notre Happy Family. Dès que Camila a commencé à marcher on s’est ensuite lancé dans le projet fou d’organiser un tour d’Amérique en camping-car. Le continent Américain nous paraissait une destination à la fois super safe et accessible avec de jeunes enfants; et on adorait l’idée d’un road trip en camping-car. Il s’agit pour nous du véhicule le plus adapté pour parcourir autant de kilomètres avec nos loulous. Ils ont leurs repères. Pas besoin de défaire et refaire les sacs, on peut dormir où bon nous semble dans une nature magnifique, cuisiner, jouer, profiter de la vie, sans se poser de question.
- Comment ont réagi les enfants lorsque vous leur en avez parlé du tour du monde ?
Camila était trop petite pour se rendre compte quand nous avons commencé à préparer ce projet, nous avons quitté la France lorsqu’elle avait 18 mois. Pour Emilio en revanche, l’Aventure l’a tout de suite passionné ! Il était encore plus enthousiaste que nous! En 2018, avant d’acheter Oscar, on a loué un camping-car similaire pour partir en road-trip en France pendant 10 jours. On voulait se rendre compte du quotidien avec les enfants dans un si petit espace et surtout savoir si ça leur plaisait. Le test a été plus que concluant ! On a tous adoré nos vacances itinérantes. On avait plus qu’une hâte: avoir notre propre maison roulante pour partir découvrir le monde!
- Qu’avez-vous du mettre en place pour mener à bien le projet? J’imagine qu’il n’a pas été facile de quitter vos situations professionnelles, la maison, l’école…
C’est vrai qu’il y a beaucoup de choses à organiser avant de pouvoir « tout quitter ». Nous nous sommes vraiment investis à fond dans le projet environ 1 an avant le grand départ.
Mettre le maximum d’argent de côté, éplucher tous les blogs et forums de voyage, tracer notre itinéraire, acheter et préparer le véhicule, organiser le shipping, acheter les billets d’avion… la partie la plus agréable des préparatifs.
Mais il y a aussi les choses moins cool mais essentielles…
Trouver un locataire et adapter notre maison à la location.
Prévenir nos différents employeurs : Mathieu a carrément démissionné 1 an avant et créé son entreprise pour être plus autonome. Sandy, restauratrice du patrimoine à la Bibliothèque nationale et fonctionnaire a pu obtenir une disponibilité grâce à Camila qui a moins de 3 ans.
Il a fallu demander une dérogation pour déscolariser Emilio en moyenne section de maternelle.
Vendre nos véhicules, trouver un endroit pour stocker nos affaires, résilier tous nos contrats en France, souscrire une bonne assurance santé, ouvrir des comptes bancaires adaptés au voyage, réaliser des bilans de santé surtout pour les enfants, faire les vaccins nécessaires, prévenir toutes les institutions de notre départ… De nombreux courriers et pas mal d’heures au téléphone mais rien d’insurmontable !
Le plus dur est certainement de devoir dire au revoir à la famille et aux amis. C’est d’ailleurs pour ça que nous avons choisi de commencer notre voyage juste après les fêtes de fin d’année pour profiter de tout le monde avant le départ.
- Et dans votre quotidien, qui fait faire les devoirs aux enfants? Pas trop dur de s’improviser prof ?
Les enfants sont encore petits ce n’est donc pas trop compliqué pour nous parents. Avant le départ nous avions demandé conseil à la maitresse d’Emilio et à l’orthophoniste qui le suivait pour savoir comment s’y prendre et garder une continuité dans les apprentissages qu’elles avaient initié. Nous fonctionnons beaucoup à l’instinct.
Le voyage nous donne matière à découvrir pleins de choses sur la nature, les animaux, la géographie et nous utilisons l’intérêt qu’Emilio porte sur un sujet pour l’approfondir sur le moment présent. On lui fait écrire le nom des animaux que l’on rencontre ou des pays que l’on traverse. Un peu de calcul et un travail sur les sons pour préparer à la lecture, au gré de ses envies. Pour Camila, rien de mieux que le voyage pour l’éveiller au monde ! Elle est hyper débrouillarde et gagne chaque jour en autonomie.
- Quel était votre itinéraire initial pour votre tour du continent américain ?
Notre projet initial était de faire Ushuaia-Alaska. On a récupéré Oscar à Montevideo en Uruguay mi-janvier puis on a longé toute la côte atlantique jusqu’à Ushuaia, le bout du monde. On a ensuite commencé notre remontée en passant par des lieux incontournables comme le parc Torres Del Paine au Chili. On devait traverser toute l’Argentine pour rejoindre la Bolivie, le Pérou, l’Equateur et la Colombie. On espérait faire traverser notre camping-car en bateau entre la Colombie et le Panama, pour ensuite visiter toute l’Amérique centrale, les Etats-Unis et le Canada.
Un tour du monde... au temps du COVID-19
- Comment avez-vous réagi lorsque la crise du coronavirus a commencé? Où étiez-vous?
On a commencé à entendre parler du coronavirus au début du mois de mars. Comme tout le monde certainement, notre première réaction a été la peur. On se rappelle très bien notre visite du Perito Moreno le 8 mars, les nouvelles étaient tellement alarmantes en Europe qu’on a développé une sorte de crainte de l’autre. On a gardé nos distances avec les touristes alors qu’il n’y avait encore aucun cas en Argentine! On a finalement pris du recul avec toutes les informations transmises par les médias. La situation étant bien pire en Europe à ce moment-là, nous avons décidé de rester en Amérique du sud et d’attendre de voir comment la crise allait évoluer. On imaginait naïvement que les choses allaient se bloquer un mois ou deux.
Assez rapidement, l’Argentine a ensuite parlé de fermer ses frontières. Nous avons dû choisir entre continuer notre chemin par l’Argentine ou basculer au Chili. Le 13 mars on passait la frontière chilienne au niveau du superbe Lago General Carrera. Le 20 mars, l’Argentine décrétait la quarantaine totale.
- Que s’est t-il passé ensuite avec la pandémie?
Nous avons eu beaucoup de chance de choisir le Chili car la crise a été gérée de manière beaucoup plus souple.
Nous avons d’abord cherché un spot en pleine nature où nous confiner en attendant que la crise se passe, mais on s’est vite rendu compte que ce ne serait pas viable. Au tout début, les chiliens entendaient tellement de choses horribles sur le coronavirus en France, en Espagne, et en Italie qu’ils nous faisaient comprendre qu’on n’était pas forcément les bienvenus. Je pense qu’on leur faisait peur. Nous avons donc décidé de nous réfugier dans un camping à coté de Temuco. Trois semaines plus tard, les allemands qui tenaient le camping ont décidé de rentrer chez eux et on ne pouvait plus rester là. La majorité des campings étaient alors fermés, on a dû trouver une solution en urgence.
Une famille géniale de Pirque près de Santiago a eu la gentillesse de nous accueillir chez elle, dans son jardin. D’une générosité incroyable, ils nous ont fait découvrir la gastronomie chilienne, parlé de leur pays, de leur vie. On a passé 10 jours comme des rois. Notre moral à ce moment-là était assez bon mais on commençait à entrevoir que la crise allait durer bien plus longtemps que prévu. Pour ne pas abuser de leur hospitalité, nous avons quitté Fabiola et sa famille le 29 avril. Déjà 1 mois que nous étions confinés.
Nous avons poursuivi notre confinement à Maitencillo, sur la côte, où nous avons rejoint un couple de Français. On espérait une réouverture prochaine des frontières pour reprendre notre périple avant l’été. Il faut savoir que depuis le début de la crise, il est très difficile d’avoir des informations ou des dates sur les quarantaines, les ouvertures de frontières. En Argentine par exemple, ils repoussent l’échéance tous les 15 jours depuis le 20 mars sans donner aucune information sur la suite. C’est très dur psychologiquement d’attendre et d’attendre encore sans avoir de date butoir. La majorité des touristes ont fini par rentrer en voyant la crise s’éterniser. C’est difficile de se projeter sur l’avenir ou de planifier quoi que ce soit. Nous avons continué à attendre, en profitant de l’océan et des balades sur la plage.
Mi-juin pourtant, on a décidé de mettre fin à notre confinement. C’était devenu trop dur pour nous d’être statique, et les régions autour de nous ne comptaient que très peu de cas. On a décidé de reprendre la route, de recommencer l’itinérance, au ralenti. Cela fait maintenant presque 3 mois que nous sillonnons avec plaisir ce pays magnifique. Les locaux sont très accueillants et nous ne ressentons plus du tout l’animosité des débuts de la crise. Nous évitons les zones urbaines et privilégions les spots en pleine nature. Il y a toujours des barrages sanitaires, des villes en quarantaines et des mesures strictes contre le coronavirus mais rien qui ne nous empêche de profiter pleinement de ce nouveau mode de voyage au ralenti.
- Comment avez-vous vécu ces semaines qui n’ont pas dû être tous les jours faciles ?
Notre moral a joué aux montagnes russes. Dans l’ensemble on a toujours gardé espoir mais il y a des jours où la frustration et la tristesse de voir notre projet remis en question ont été plus difficiles à gérer.
Le plus compliqué aujourd’hui, après bientôt 6 mois au Chili, c’est de ne toujours pas savoir quand tout cela prendra fin. Les mois défilent et c’est autant de jours qu’ils nous manqueront pour atteindre notre destination. Notre voyage comme nous l’avions imaginé tombe à l’eau et il est maintenant temps de faire de nouveaux projets.
- Aujourd’hui, quels sont vos projets de voyage ?
C’est une bonne question ! La situation est tellement compliquée dans le monde entier qu’on ne sait plus vraiment quoi faire. Si les frontières terrestres restent bloquées, on ne pourra pas continuer notre aventure avec Oscar. Pourtant c’est vraiment ce mode de voyage qui nous plait.
On envisage de poursuivre en avion vers des pays ouverts aux touristes mais cette option ne nous emballe pas vraiment. Nous sommes un peu perdus.
Il nous reste environs 9 mois et un budget qui ne permet pas de tenir aussi longtemps si l’on doit payer des billets d’avions, des hébergements ou des locations de voiture.
On continue à croire que les pays d’Amérique du sud vont finir par se mettre d’accord et réouvrir leurs frontières !
Les moments forts d'un tour du monde
- Avez-vous fait des rencontres qui vous ont particulièrement marquées ?
En effet, le voyage est fait de rencontres et certaines d’entre elles ont été très intenses! On a partagé de super moments avec des voyageurs avant et pendant le covid-19. Mais on retient surtout nos échanges avec les locaux qui pour certains ont été d’une gentillesse extrême.
On pense évidemment à Fabiola et sa famille qui nous ont hébergés pendant le confinement quand on ne savait plus où aller et qui nous ont fait la surprise de nous emmener passer une nuit dans un lieu incroyable: les thermes de la Valle de Collina (photo plut haut).
On pense à tous ces gens qui nous ont croisés sur la route et proposé leur aide via Instagram en voyant notre logo sur le camion.
Récemment, nous avons passé une soirée inoubliable avec Vania à El Salvador. En excursion au Salar de Pedernales, elle nous a aidé a redémarré le matin quand Oscar ne voulait plus rien savoir après une nuit à -12 degrés. Elle nous a gentiment proposé de passer diner avec elle le lendemain soir et nous avons discuté des heures sur le Chili, sa vie, les mines… un superbe souvenir.
Et on pourrait en citer plein. Les gens ont toujours été très bienveillants envers nous.
- Souhaitez-vous nous partager un souvenir mémorable de votre voyage ?
Pour Mathieu, le papa, le souvenir qui surpasse tous les autres, c’est le Perito Moreno, cet immense glacier qui craque et fait un bruit de tonnerre lorsque des blocs se décrochent.
Emilio en parle souvent également mais quand on lui demande quelle expérience l’a le plus marqué, il nous raconte cette fois où nous nous sommes arrêtés sur une plage en plein vent pour déjeuner et où nous sommes tombés sur une énorme colonie de Lions de mer affalés sur les galets. On a pu s’assoir à quelques mètres d’eux et les observer de longues minutes. Ils sont vraiment très impressionnants !
Pour les filles, le souvenir le plus mémorable est sans aucun doute notre rencontre imprévue avec les baleines. Une expérience incroyable et magique que nous avons vécu à Bahia Inglesa au Chili.
- Comment avez vous été accueillis par les chiliens que vous avez croisés sur votre route ?
Les chiliens ont toujours été très accueillants et généreux envers nous. Le fait d’avoir des enfants facilite beaucoup le contact. Des gens nous ont proposé spontanément leur aide sans que nous ne demandions rien.
Par exemple, on a pu garer notre camion dans le hangar d’un gentil monsieur en pleine ville pour être à proximité d’une banque lorsque nous avions des papiers à régler.
A La Ballena (région de Coquimbo) une dame, Magdalena, nous a trouvé en détresse devant sa maison. Avec le covid, nous n’arrivions pas à trouver un endroit pour passer la nuit et elle nous a gentiment laisser entrer dans son jardin. Les chiliens prennent toujours le temps de discuter avec nous et de répondre à nos questions.
- Quel est votre paysage préféré du Chili jusqu’à présent ?
En effet, impossible de choisir un seul paysage préféré au Chili !
Notre top 3 serait dans l’ordre:
- Le Parque national Torres Del Paine avec ses lacs turquoises et ses montagnes
- La Région de San Pedro de Atacama et la cordillère des Andes enneigée
- Le Lago général Carrera et la Carretera Australe, les magnifiques paysages verdoyants de la Patagonie chilienne.
Mais à vrai dire, le Coronavirus nous a donné beaucoup plus de temps que prévu pour visiter le Chili et on ne s’attendait pas à une telle diversité de paysages. Ce pays est une très belle surprise pour nous et restera un gros coup de coeur. Chaque région nous a offert des panoramas à couper le souffle. On a adoré déambuler entre océan et montagne au fil des jours. Notre seul regret c’est de ne pas avoir eu le temps de visiter l’ile de Chiloe avant que la crise du covid n’arrive.
- Quels conseils donneriez-vous aux parents qui voudraient se lancer dans l’aventure en famille ?
Foncez ! Vivre une aventure comme celle-ci avec ses enfants c’est quelque-chose d’extraordinaire. Et il n’y a pas forcément besoin de partir à l’autre bout du monde ou de visiter 50 pays. Tout ce qui importe c’est de vivre cette belle expérience en famille. Les voir grandir chaque jour et s’épanouir. S’émerveiller de petits rien et voir leurs yeux briller devant un nouvel animal ou un canyon qui leur servira d’aire de jeu pour la soirée !
Jamais dans notre vie on a l’occasion d’avoir autant de liberté et de temps libre pour profiter à fond de ceux qu’on aime. Et il y a tellement de merveilles à découvrir dans ce monde! Que ce soit dans sa région, dans son pays ou sur un autre continent, il ne faut pas hésiter à aller explorer, s’extasier, profiter de la nature !
Je ne sais pas vous, mais nous chez Travel Coach Chile ca nous donne envie de trouver notre Oscar et de partir silloner le Chili dès que possible ! Partir vivre au rythme des paysages superbes et de recontres suprises et insolites du continent.
Pour suivre la suite des aventures en road-trip de la Happy Family en Amérique ca se passe sur leur compte instagram !
Pour préparer, vous aussi, l’aventure familiale de vos rêves, retrouvez tous nos articles conseils, guides pratiques et itinéraires « spécial famille » !